Enfants collaborant autour d'une carte au trésor

Former les enseignants à la psychologie positive et aux compétences psychosociales

Les pratiques de pleine conscience constituent une ressource utile aux enseignants, leur permettant de développer des attitudes et comportements allant dans le sens de ce qu’ils souhaitent pour leurs élèves. Les pratiques de psychologie positive constituent des supports d’activités à intégrer dans des séquences pédagogiques afin d’améliorer la coopération, le soutien, le respect mutuel.

Rebecca Shankland
Maître de Conférences en Psychologie, responsable du DU Psychologie Positive Université Grenoble Alpes, chercheure au Laboratoire Interuniversitaire de Psychologie : Personnalité, Cognition, Changement Social (LIP/PC2S).

Les domaines de recherche de Rebecca Shankland portent sur la promotion de la santé mentale par le biais de l’identification et l’utilisation des ressources personnelles et du développement des compétences psychosociales, en particulier les compétences émotionnelles. Ses travaux portent notamment sur la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’efficacité d’interventions basées sur des pratiques de pleine conscience et de psychologie positive.

Quel lien peut-on faire entre la psychologie positive et les compétences psychosociales ?

La psychologie positive constitue une orientation récente en psychologie, proposant une étude plus systématique et approfondie des conditions et des processus qui favorisent l’épanouissement ou le fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions (définition proposée par Gable et Haydt en 2005). On entend par fonctionnement optimal la possibilité d’accéder à ses ressources personnelles de manière optimale pour faire face aux situations rencontrées. En fonction de son métier, il est possible d’agir au niveau des individus, des groupes ou des institutions elles-mêmes pour favoriser la promotion de la santé mentale.

C’est sur cette dimension de promotion de la santé mentale que la psychologie positive rejoint le développement des compétences psychosociales. En effet, au niveau de l’individu, les interventions de psychologie positive visent notamment à aider les personnes à identifier leurs forces et à les utiliser davantage dans leur quotidien. Une partie des processus mobilisés dans ces interventions rejoint le développement des compétences psychosociales.

D’après les travaux que vous avez pu conduire, quelles sont les approches à mettre en œuvre pour former les enseignants et leur permettre de s’approprier les programmes liés aux CPS et à la psychologie positive ?

Depuis trois ans, nous proposons des formations pour les enseignants en concertation avec l’inspection de l’académie autour de la motivation et du bien-être au collège (formation POMOBE [1] : promotion de la motivation et du bien-être à l'école). L’objectif de ces formations est, dans un premier temps, de permettre aux enseignants de découvrir par eux-mêmes les pratiques de pleine conscience et de psychologie positive afin d’entrevoir les bénéfices potentiels pour eux-mêmes et pour leurs élèves.

Il s’agit pour l’instant de formations organisées sur trois journées, séparées de plusieurs semaines au cours desquelles il est proposé aux enseignants d’expérimenter ces pratiques d’abord pour eux-mêmes, dans leur quotidien, puis au sein de leurs classes s’ils le souhaitent. Les recherches menées sur ces interventions (rapports annuels de recherche accessibles sur demande) ont montré un effet sur la réduction du stress des enseignants, et un effet sur le bien-être des élèves les plus en difficulté.

Pour améliorer le dispositif de formation, nous avons ajouté à l’une de nos formations, un temps de travail pratique portant sur la conception de séquences pédagogiques s’appuyant sur les modèles issus de la psychologie positive. L’accent est mis sur la théorie de l’autodétermination, qui postule qu’en répondant aux besoins psychologiques fondamentaux des élèves cela augmente la motivation autodéterminée et le bien-être des élèves. Les besoins psychologiques fondamentaux sont au nombre de trois :

  • sentiment d’autonomie : se sentir à l’origine de ses choix ou comprendre le sens des actions qu’il nous est demandé de réaliser
  • sentiment de compétence : se sentir à même de faire face aux situations rencontrées, qu’elles soient relationnelles ou pédagogiques
  • sentiment de lien social : se sentir proche des autres élèves de la classe, se sentir intégré et accepté tel que l’on est dans le cadre scolaire

Un travail est proposé avec les enseignants pour identifier différentes manières de répondre au mieux à ces besoins dans le cadre scolaire. Cela nécessite non seulement des idées, mais aussi des compétences pour favoriser un style interactionnel répondant au mieux à ces besoins. Les pratiques de pleine conscience constituent alors une ressource utile aux enseignants, leur permettant de développer des attitudes et comportements allant dans le sens de ce qu’ils souhaitent pour leurs élèves. Les pratiques de psychologie positive constituent des supports d’activités à intégrer dans des séquences pédagogiques afin d’améliorer la coopération, le soutien, le respect mutuel.

Toutefois, les trois jours de formation semblent insuffisants pour atteindre l’ensemble des objectifs en termes d’efficacité concernant la motivation et le bien-être des élèves. Il serait utile de prévoir une formation plus longue et des journées de regroupements annuels avec les enseignants souhaitant réaliser un partage d’expérience et s’enrichir des interventions menées par d’autres collègues.

Enfants collaborant autour d'une carte au trésor

Dossier Compétences psychosociales des enfants et jeunes ados (3-15 ans)

Notes:

  • [1] . Programme de formation et projet de recherche-interventionnelle coordonné par Damien Tessier et Rebecca Shankland de l'Université Grenoble Alpes, avec la collaboration de Béatrice Imbert, formatrice en pleine conscience et psychologie positive