Le D.U. Promotion en Santé en trois questions

Ce D.U. vise à outiller les candidats, de manière pratique et réflexive, en vue de les soutenir dans la mise en place des projets, tout en confortant les dynamiques d’acteurs et en prenant bien en compte les inégalités sociales et territoriales de santé. L'objectif, in fine, est de développer la fonction de "référent" en promotion de la santé.

Photo Johann Cailhol, responsable pédagogique du D.U. Promotion en Santé

Nous voulons vraiment former des personnes de terrain qui vont changer les choses, qui sont motivés pour faire de la promotion de la santé après leur diplôme ou qui en font déjà et qui veulent se perfectionner.

Johann CAILHOL
Responsable pédagogique du D.U. Promotion en santé de l'USPN, Directrice adjointe du LEPS, MCU-PH
Quelles sont les particularités de ce diplôme universitaire dans l’offre de D.U. en promotion de la santé ?
  • Une première particularité est la diversité de profils des participants. Nous acceptons des candidatures très variées. Ainsi, dans la promotion de l’année dernière, nous avons eu une élue, des professionnels de santé de tous horizons (kiné, orthoptiste, infirmier, dentiste…), et des coordonnateurs de CLS (Contrat Local de Santé) et de CLSM (Conseil Local de Santé Mentale). Donc ce D.U. s’adresse à la fois à des praticiens de terrain, qui font de la promotion de la santé au niveau de leur municipalité, et aussi à des professionnels de santé ou d’autres secteurs (du sport par exemple) qui veulent mettre en place des projets de promotion de la santé au sein de leur structure.
  • Autre spécificité, ce D.U. intègre des sujets qui sont moins abordés dans d’autres diplômes. Je pense en particulier au plaidoyer.  En France, le plaidoyer est moins développé que dans d’autres pays comme les pays anglo-saxons. C’est plutôt réservé aux ONG, et les professionnels de santé ou les praticiens de santé publique sont un peu plus éloignés de cette pratique. Nous sommes persuadés que le plaidoyer fait partie intégrante de la promotion de la santé et nous y avons donc consacré une journée entière dans le programme.
  • Il aborde également le concept, relativement peu usité en France, des déterminants commerciaux de la santé. Cela concerne tout ce qui, du fait de la recherche de profits par les entreprises, peut induire des conséquences néfastes pour la santé. On pense aux aliments transformés, à l’alcool, au tabac, à l’automobile, aux industries fossiles… C’est vrai que c’est une dimension sous étudiée mais qui explique beaucoup de problèmes, dont la santé publique n’arrive pas pour le moment à se défaire. Concrètement, l’année dernière, un juriste est venu présenter la loi Evin, et toutes les stratégies utilisées par les industriels pour contourner cette loi ainsi que les réponses juridiques que nous pouvons apporter dans le champ de la promotion de la santé. Une autre demi-journée était consacrée à l’industrie agroalimentaire, comment elle peut s’insinuer dans les décisions politiques, les financements, les lois et ainsi impacter la consommation de produits nocifs pour la santé.
Quelles sont les modalités pédagogiques de ce D.U. ?

C’est aussi une des particularités de ce diplôme de proposer une pédagogie très interactive. Nous avons volontairement restreint les inscriptions à 15 participants pour favoriser une dynamique de groupe, afin que chaque promotion puisse se constituer en mini réseau et communiquer ensuite au-delà du diplôme. Et nous favorisons les travaux en petits groupes, pour que les candidats puissent travailler ensemble.

Il y a également un mode d’évaluation original, basé sur un portefolio d’apprentissages. C’est-à-dire qu’au lieu de demander aux étudiants un devoir sur table, nous leur présentons dès le début de l’année les compétences à acquérir en promotion de la santé. Et tout au long de l’année, ils doivent analyser comment ils progressent vers ces compétences.  Ils doivent également apporter des preuves de l'acquisition de ces compétences : que font-ils différemment dans leur vie professionnelle, est-ce qu’ils analysent différemment… ? Ils font d'abord une présentation orale de leur portfolio mi-juin, devant un jury et leurs candidats au diplôme, il s’agit de l’évaluation formative. Avec l’ensemble des commentaires, ils font un document écrit et c’est ce document qui constitue l’évaluation sommative. C'est donc une évaluation en 2 étapes.
 

Quel est le bilan de la première promotion et les évolutions prévues pour la promotion 2024 ?  

Nous avons fait une évaluation participative le dernier jour, une sorte de « focus group » des étudiants sur le bilan de l’année écoulée, que ce soit en termes d’organisation, de format, de contenus. Suite à ces retours, nous avons ajusté certains formats pour la prochaine promotion. Par exemple, nous avons ajouté une journée sur la santé communautaire et la participation. Et la question du plaidoyer sera plus développée.
Globalement, nous avons eu des échos extrêmement positifs suite à cette première promotion, que ce soit des étudiants eux-mêmes, des intervenants (très satisfaits des interactions avec les étudiants) ou du milieu de la promotion de la santé. 

Le recrutement de la prochaine promotion est encore en cours, les dossiers peuvent être envoyés jusqu'au 15 novembre. De mon point de vue, la lettre de motivation est très importante. Nous voulons vraiment former des personnes de terrain qui vont changer les choses, qui sont motivés pour faire de la promotion de la santé après leur diplôme ou qui en font déjà et qui veulent se perfectionner.