« Les données probantes sont des conclusions tirées de recherches et autres connaissances qui peuvent servir de base utile à la prise de décision dans le domaine de la santé publique et des soins de santé. » [D. Banta, 2003 - article en anglais]
Source : PromoSanté Ile-de-France
Une intervention fondée sur les données probantes intègre trois types de connaissances complémentaires : les connaissances scientifiques issues de différentes disciplines ; les connaissances expérientielles issues des pratiques professionnelles ; les connaissances expérientielles et les caractéristiques des personnes concernées. Les données probantes existent justement à l'articulation de ces connaissances. Il s'agit de mettre en synergie « les preuves existantes (ce que l’on estime qui peut marcher), l’expertise des acteurs pour les choisir et les appliquer (ce que les acteurs vont faire de ces preuves), et les caractéristiques de la population cible de l’intervention » [Cambon L. et al., 2013].
La santé publique (et la promotion de la santé) fondée sur des données probantes est « le processus consistant à extraire et à disséminer les meilleures données disponibles issues de la recherche, de la pratique et de l’expérience, ainsi qu’à utiliser ces données pour éclairer et améliorer la pratique et les politiques en santé publique » [adsp n°103, juin 2018].
Les données probantes en santé publique peuvent concerner les problèmes, ou les solutions. Les données sur les problèmes sont celles qui cherchent à caractériser le problème de santé, son ampleur, ses facteurs de risques et déterminants. Elles permettent de savoir « sur quoi agir ». [Potvin L., Di Ruggiero E., Shoveller JA. La Santé en action n°425, 2013].
Les données sur les solutions permettent, elles, de comprendre « comment agir » à travers trois grandes questions :
Agir en promotion de la santé se fait généralement par le moyen d'interventions complexes prenant en compte des environnements et des contextes d’interventions spécifiques et variés. Ces interventions ont pour objectif de conférer aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d'améliorer celle-ci, en agissant sur les inégalités sociales et territoriales de santé dans le but de les réduire [Charte d'Ottawa, 1986].
La pratique fondée sur les données probantes est reconnue comme un moyen d’améliorer l’efficacité, la crédibilité et la transférabilité des interventions de prévention et de promotion de la santé. [Pagani V. et al, 2017].
Afin que les données produites soient utiles et mobilisables pour l’action, elles doivent apporter des informations sur l’efficacité, mais aussi sur les mécanismes qui permettent cette efficacité ainsi que l’influence du contexte sur celle-ci.
C’est en croisant des sources d'informations diverses que l’on s’assure de prendre en compte au maximum les éléments de complexité. Les données probantes sont donc à l’interface entre la recherche académique et les savoirs et savoir-faire des professionnels et des personnes concernées.
La promotion de la santé fondée sur les données probantes mobilise donc des méthodologies diverses. Nous mettons l'accent sur :
La Recherche Interventionnelle en Santé des Populations (RISP), définie comme « l’utilisation des méthodes scientifiques pour produire des connaissances concernant les interventions, les programmes et les politiques (provenant du secteur de la santé ou d’un autre secteur) dont l’objectif est d’avoir un impact favorable sur la santé dans une population ». [Hawe P., Potvin L., 2008]. La RISP permet notamment de mesurer les effets et l'impact des interventions en promotion de la santé et d’analyser les leviers d’intervention.
La capitalisation des expériences qui consiste, à partir des savoirs d’expérience des acteurs, à détailler et analyser une intervention de santé pour mettre en évidence les logiques à l’œuvre et décrire en détail plusieurs aspects de l’intervention : bases théoriques, contexte, partenariats, étapes clés, freins et leviers, questions éthiques, transférabilité… Elle vise à « transformer le savoir pratique en connaissance partageable » [De Zutter P., 1994]
L’analyse de transférabilité, qui cherche à identifier les leviers de l’intervention (aspects fixes, aussi appelés fonctions-clés) et leurs formes possibles suivant les contextes (aspects variables) afin de pouvoir envisager de transférer l’intervention ailleurs. Ce sont les leviers ou fonctions-clés qui sont à transférer, et non le résultat ou les moyens utilisés (les formes), qui sont spécifiques à un contexte.
Source : Schéma adapté de la note pédagogique Les données probantes en promotion de la santé, ayant bénéficié de la contributions du groupe RITeC (« Recherche interventionnelle et Transfert de connaissances »). FNES, mars 2022
Coordonnée par la Direction générale de la santé (DGS), InSPIRe-ID (Initiative en Santé Publique pour l’Interaction entre la Recherche, l’Intervention et la Décision) est un dispositif qui vise à favoriser la production et l'utilisation de données probantes dans l'action et la décision en santé publique.
Cette initiative nationale avait 2 objectifs initiaux :
Dans ce cadre ;
L’objectif d’INSPIRe-ID est de soutenir l'appui des politiques publiques sur des données robustes et partagées :
Dans ce cadre, la Société Française de Santé Publique (SFSP) et la Fédération nationale d'éducation et de promotion de la santé (Fnes) ont été chargées de créer et animer un groupe de travail spécifique aux questions relatives à l’axe de la capitalisation des expériences d'INSPIRe-ID. En effet, dès l’origine de cette initiative, la capitalisation figurait dans les réflexions sur la manière de produire des données probantes, qui inclut par définition les données issues de l’expérience.
Pour en savoir plus sur le dispositif national :
La capitalisation, une longue histoire pleine de rebondissements. Journée de partage de la démarche CAPS, récit de Christine Ferron et Anne Laurent, octobre 2020
Inspire-ID, vers un dispositif favorisant des interventions fondées sur des données probantes. Colloque SFSP-ADELF, octobre 2017