Les compétences psychosociales représentent aujourd’hui un enjeu majeur. Elles sont à la fois reconnues dans la littérature et reconnues de plus en plus par les professionnels de terrain comme un facteur essentiel et ce qu’on appelle un facteur générique de la santé globale.
Béatrice Lamboy est Docteur en psychologie, Chercheur associé au laboratoire inter-universitaire de psychologie (LIP/PC2S) et Présidente de l'Afeps (Association francophone d'éducation et de promotion de la santé). |
En termes de définition, on a l’habitude de s’appuyer sur la classification de l’OMS 1993 qui présente les CPS en cinq binômes, donc dix compétences. Mais depuis les années 2000, l’OMS encourage vraiment l’utilisation de la classification en trois grandes catégories de compétences : les compétences sociales, les compétences émotionnelles, les compétences cognitives. Ces trois grandes classifications sont plus ancrées dans la science et renvoient aux différentes sphères psychologiques.
Les CPS représentent un déterminant majeur de la santé physique, globale et sociale. On parle de facteur générique qui permet d’impacter un grand nombre de déterminants et de problèmes de santé.
Les compétences sociales, émotionnelles et cognitives, en effet, permettent d’impacter les relations, favorisent les relations pro-sociales, diminuent les comportements conflictuels et agressifs, agissent sur le stress, augmentent l’estime de soi, favorisent les relations positives, et in fine, agissent sur le bien-être de la personne.
Cet état de bien-être, qui est un déterminant majeur des comportements de santé, va permettre de réduire les comportements à risques, les comportements défavorables à la santé et d’augmenter les comportements favorables à la santé. En augmentant cet état de bien-être par les compétences psychosociales, on va pouvoir prévenir un grand nombre de problèmes de santé physiques et psychiques, en particulier toutes les problématiques liées à la violence, aux problèmes de comportements, aux addictions, aux problèmes liés aux grossesses précoces. On pourra aussi prévenir tous les troubles anxio-dépressifs. Et on sait aujourd'hui qu’il y a une interaction importante entre le bien-être et la réussite scolaire. Donc in fine, on se rend compte que les CPS sont un facteur générique, à la fois de la santé et de la réussite éducative.
Pour mettre en place un programme de renforcement des compétences psychosociales, c’est important de bien connaître les facteurs d’efficacité des interventions CPS. Donc, on va s’intéresser en premier lieu aux facteurs liés à l’atelier CPS en particulier. Il y a aussi des facteurs informels et des facteurs liés à l’environnement.
Donc en premier lieu, les facteurs liés aux ateliers formels :
Ensuite, ce que l’on observe de plus en plus, c’est l’importance d’articuler ces pratiques structurées, donc ces ateliers, avec toutes les pratiques informelles et l’environnement. S’il y a une grande dissonance entre l’environnement de l’enfant et ses pratiques formelles qui ont lieu dans le cadre de séances, cela peut être assez compliqué et ne pas être propice au développement et au renforcement des CPS.
Ces ateliers structurés vont être mis en place par des personnes qui sont à même de démontrer ces CPS. Donc, les intervenants vont devoir travailler sur leurs propres CPS. En effet, la particularité des ateliers et des programmes CPS, est que c’est autant ce que l’intervenant va être et va démontrer qui va avoir de l’impact que les activités qu’on va proposer aux enfants. Donc, pour soutenir le renforcement des CPS des intervenants, toute une gamme est proposée dans la littérature. Ça va d’une formation expérientielle intensive en travaillant ses propres CPS, jusqu’à la supervision, l’analyse de pratiques et un travail sur soi.
Aujourd’hui, que ce soit au niveau des scientifiques, des professionnels de terrain et des politiques, il y a une véritable prise de conscience. Donc différents acteurs aujourd’hui, à différents niveaux sont vraiment mobilisés sur les compétences psychosociales. Et c’est en totale adéquation avec les données de la science. Donc, on n’est pas uniquement dans un effet de mode et on espère que cela puisse s’incarner à tous les niveaux.