En 1993, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) introduit le concept de compétences psychosociales et liste 10 compétences présentées par couples. Les compétences psychosociales sont alors définies comme « la capacité d'une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C'est l'aptitude d'une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l'occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement ». [OMS, 1993]
En 2001, la classification est redéfinie par l'OMS, avec un regroupement en 3 grandes catégories : compétences sociales, cognitives et émotionnelles.
En 2021, Santé publique France présente une version actualisée de la définition et de la classification des CPS, en se fondant sur les données de la littérature et l’avis d’experts du champ des CPS. Selon ce référentiel « Les CPS constituent un ensemble cohérent et inter-relié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent d’augmenter l’autonomisation et le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives ».
Ces différentes classifications sont utilisées dans les pratiques professionnelles.
Source : OMS, UNESCO. Life skills education in schools. Genève : OMS, 1993
CPS générales |
CPS spécifiques |
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Avoir conscience de soi |
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Capacité de maîtrise de soi |
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Prendre des décisions constructives |
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CPS générales |
CPS spécifiques |
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Avoir conscience de ses émotions et de son stress |
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Réguler ses émotions |
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Gérer son stress |
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CPS générales |
CPS spécifiques |
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Communiquer de façon constructive |
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Développer des relations constructives |
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Résoudre des difficultés |
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Source : Les compétences psychosociales : un référentiel pour un déploiement auprès des enfants et des jeunes. Santé Publique France. Février 2022
Apprentissage expérientiel : modèle d’apprentissage préconisant la participation à des activités se situant dans des contextes les plus rapprochés possibles des connaissances à acquérir, des habiletés à développer et des attitudes à former ou à changer. [LEGENDRE B., 2007]
Conduites à risques : pratiques excessives et/ou répétitives conduisant des personnes à se mettre en danger, sur les plans physique, psychologique ou social. [Définition de la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques]
Connaissance de soi : englobe confiance, estime et affirmation de soi (Assertivité). [FORTIN J., Santé en action n° 431, 2015]
Coping / stratégies d’adaptation : elles permettent l’adaptation à un environnement stressant à travers des compétences cognitives, émotionnelles et sociales. Elles consistent à « évaluer une situation (pensée critique), gérer les émotions qu’elle suscite et développer une stratégie adaptative ("faire face" à partir des ressources personnelles et sociales dont on dispose) afin d’en réduire l’impact. Le coping centré sur le problème vise à réduire les exigences de la situation et/ou à augmenter ses propres ressources pour y faire face. » [FORTIN J., 2012]
Education positive : pratique éducative qui propose « d’appliquer des concepts de psychologie positive à l’école, pour promouvoir le bien-être chez les enfants et leur enseigner les qualités qui leur permettront de mieux apprendre et de devenir des adultes épanouis ». Cette pratique se concentre sur « l’idée qu’enseigner des habiletés sociales, comme la confiance en soi ou le travail d’équipe, sont des choses au moins aussi importantes à transmettre à un enfant que des connaissances scolaires ». [DE COURVILLE G., MIGNERY A-T. et ROUX A., 2017]
Empowerment : à la fois but et moyen, cette notion renvoie au fait de « renforcer le "pouvoir" de chacun afin qu’il puisse l’exercer dans une perspective de santé optimale ». Il s’agit donc de « développer les compétences individuelles mais [également] d’agir sur les systèmes (environnement, structures, groupes sociaux) pour que ces compétences puissent s’exercer réellement et efficacement ». [TONES K. et GREEN J., 2004] et [FORTIN J., 2012]
Estime de soi : conscience de sa valeur personnelle, qu’on se reconnait dans différents domaines. C’est un ensemble d’attitudes et de croyances qui nous permet de faire face au monde. Elle permet d’évaluer la distance entre le soi réel et l’idéal de soi (valeur qu’on se donne). Cette notion multidimensionnelle est marquée par le jugement réel ou supposé d’autrui. La conscience de sa valeur personnelle ne peut se développer qu’en se basant sur les jugements que la personne porte sur elle-même. Il ne s’agit pas de narcissisme ou d’égocentrisme car l’estime de soi suppose également une conscience de ses difficultés et de ses limites personnelles. [DUCLOS G., 2002]
« Life skills » : aptitudes pour la vie.
Motivation : renvoie à une énergie individuelle poly-factorielle permettant de déclencher un comportement en fonction d’un but. « Elle interroge et mobilise un système de valeurs marqué par l’éducation, la culture, la société et la personnalité de chacun. L’attitude envers le but envisagé et la conduite y afférent dépend à la fois de connaissances, de croyances et de sentiments. Pour passer de l’intention à l’action, interviennent des éléments moteurs de nature émotionnelle, situationnelle, relationnelle ». [FORTIN J., 2014]
Normes sociales : terme qui rend compte de la pression de l'entourage et des cercles d'influence plus ou moins proches de la personne sur les choix et modes d'action. [BRONFENBRENNER U., 1979]
Parentalité positive : se réfère à un comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement. [Conseil de l'Europe, 2006]
Pensée critique / esprit critique / « pensée latérale » : « La pensée (ou l'esprit) critique est la capacité à analyser les informations et les expériences de façon objective. Elle peut contribuer à la santé en nous aidant à reconnaître et à évaluer les facteurs qui influencent nos attitudes et nos comportements, comme les médias et les pressions de nos pairs. » [ARWIDSON P., 1997]
Pleine conscience / mindfulness : se réfère à l’idée d’être conscient de ses pensées, émotions, sensations corporelles ou de son environnement, et cela sans jugement. [Santé publique France, Juin 2017] Les bénéfices d’une pratique de la pleine conscience chez les enfants et les jeunes par exemple sont nombreux. L’entrainement à l’attention aux sensations tend à réduire l’hyperactivité, le stress, à améliorer les capacités de concentration et d’apprentissage [KLATT M., HARPSTER K., WHITE S. et al., 2013], ainsi que la santé mentale et la réussite scolaire [KUYKEN W., WEARE K., UKOUMUNNE OC. et al., 2013].
Résilience : capacité à rebondir et se reconstruire malgré les traumatismes. « D’abord un mode de raisonnement, un renversement de l’état d’esprit habituel des professionnels. Nous avions, en effet, l’habitude de repérer le déficit, l’anomalie, la défaillance, les troubles, alors qu’avec la résilience on vise à repérer les compétences, les ressources, les potentialités et à les amplifier. » [DELAGE M., 2004]
Sentiment d’auto-efficacité / Sentiment de contrôle : résultat de processus cognitifs, affectifs et motivationnels, cette notion correspond à la « perception de l’aptitude à mettre en œuvre une suite d’actions pour atteindre un but donné ». Cette perception permet de s’engager dans une démarche (ex. : cure de sevrage, éducation thérapeutique, etc.) uniquement si l’on se sent en capacité de la réussir. [BANDURA A., 2002]
Santé mentale : état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et d’une manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. [OMS, 2014]
Le concept de compétences psychosociales n'a cessé d'évoluer concernant :
A noter : cette frise chronologique ne prend à l'heure actuelle pas en compte la nouvelle classification proposée par Santé publique France. Ce schéma sera mis à jour prochainement.
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Marie-Odile Williamson - Directrice territoriale de l'IREPS Pays de la Loire |
Regard sur l’évolution de la classification des CPS par l'OMSLe concept de CPS est lié à deux classifications de l’OMS, en 1993 puis en 2001. Pourquoi cette évolution et comment s’approprier au mieux ces deux classifications dans les pratiques professionnelles ? |
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Regards sur l’évolution des CPS en France, du concept aux pratiquesQuelles ont été les évolutions marquantes du concept de CPS et sa prise en compte en promotion de la santé ? En quoi cela a modifié les pratiques ? Quels sont les points d’attention et de vigilance sur ce sujet ? |